Je suis une maman d’ado et ça me bouleverse

Mon fils a 15 ans. J’avais d’abord tapé « 16 », lapsus de clavier ? Le ressenti est en effet qu’il est grand, un ado avec cependant encore à l’intérieur le petit cœur de l’enfant que j’ai vu grandir depuis octobre 2006. Et ce que je vais confesser ici c’est qu’il me manque cet enfant-là, oui nos petites activités, nos échanges déjà depuis longtemps plus philosophiques que la moyenne pour son âge, nos jeux, nos voyages à deux me manquent. Tout cela on le fait encore, mon Gaspard reste sympa avec moi mais je ne vais pas vous mentir : ce n’est plus pareil.

L’adolescent a une grande mission nécessaire à son développement : aller voir comment est la vie en dehors de la famille. Introduction de toutes les expériences vécues hors les murs de la maison rassurante et loin du regard d’une maman poule. Arrivée du sentiment amoureux, des potes dont la présence est tellement importante. Toutes ces ouvertures au monde, je les lui souhaite, les moins blessantes possible tout en sachant que l’ado se brûle parfois les ailes puisqu’il cherche à s’approcher du soleil. Je les lui souhaite et je ne les freine pas, en tout cas, je crois que les limites que je mets sont bonnes, saines et structurantes. Voilà, intellectuellement je me suis rassurée.

Mais au fond de moi, c’est de la marmelade. Je n’étais pas prête. Il y a quelques mois, je disais encore à quel point nous avions de la chance d’avoir du bruit et du désordre en bas car Gaspard y vivait avec nous, dans le salon plutôt que tout le temps dans sa chambre. En étant honnête avec moi-même, cette phrase se voulait sans doute magique car je savais qu’à 15 ans, il allait commencer à migrer vers sa chambre, à se replier dans sa tanière.

J’écoute « La quête » d’Orelsan et j’ai les tripes nouées et les larmes aux yeux, j’ai eu le cœur serré et rempli d’émotions en lisant « Trois » de Valérie Perrin. Bref, je crois que je suis hyper connectée à la nostalgie. Vivre dans le moment présent etc, tout ça c’est bien joli mais pour moi c’est un défi. Entre la nostalgie d’une part et l’anticipation de l’avenir d’autre part, je suis en mauvaise posture pour facilement apprécier ma vie au jour le jour mais j’y arriverai car c’est l’un de mes objectifs de développement. Vivre au jour le jour est en effet un bon mot d’ordre avec un ado sous son toit. Son humeur varie tellement vite qu’il faut saisir tout ce qui se présente.

Donc il me manque, vous l’aurez compris. Mais surtout, et c’est là que je me sens le plus en difficulté, j’ai peur d’avoir manqué quelque chose. Ne pas avoir été assez présente, ne pas avoir assez profité de cette relation privilégiée avec lui enfant. Je repense aux moments où je travaillais beaucoup et où j’allais le chercher tard à la crèche, aux sorties que je faisais plutôt que rester à la maison, à la période où je n’étais plus là tous les jours… et je suis déchirée. Je tourne en boucle tous ces manquements et tente de penser en contrepartie à tous les moments ensemble. Mais les « j’aurais dû » et les « si j’avais su » sont plus forts. C’est un deuil, celui de l’enfance de mon fils et de la première partie de ma vie de maman. Un deuil avant une autre période, dans laquelle je ne sais pas encore quel rôle je serai invitée à jouer mais dans laquelle je serai bien présente, je le souhaite.

Si je ravale ma nostalgie, je peux reconnaître que mes fils ont toujours fait partie de mes priorités. J’en ai d’autres, comme c’était le cas également au cours de ces années écoulées : le travail, les activités qui m’apportent du plaisir, les amies. Ce qui change aujourd’hui c’est que j’ai identifié et nommé mes priorités et que je fais mes choix en en tenant compte en toute conscience. Je pense que me sentirais plus sure de mes choix passés si j’avais déjà bénéficié de cette grille de lecture à l’époque. Mais à chaque période de vie correspondent des désirs et des prises de conscience différents. J’aurais pu faire mieux et j’aimerais pouvoir me lever tous les matins en me disant que j’ai fait « bien » et que je continuerai à faire du mieux que je peux en tant que maman, que je garderai ces priorités comme une boussole et un outil d’aide à la décision et que notre vie mère-fils est loin d’être finie !

Nous aimons terminer nos blog posts par une phrase motivante et inspirante mais je dois vous avouer qu’écrire ce texte m’a touchée et que je sais que j’ai encore un bout de chemin à faire avant d’être apaisée par rapport à cette étape de vie. N’hésitez pas à partager vos vécus !

Blisskiss

Jess