
Nous parlons bien souvent toutes les deux de la culpabilité, tellement présente parfois qu’elle dicte notre conduite et nous gâche la vie. La culpabilité est cependant un bon indicateur, elle nous montre que quelque chose ne va pas, que nos actions ne sont pas en adéquation avec nos valeurs, que quelque chose doit changer, être adapté.
Quand Arli m’a fait lire son texte, j’ai bien sûr reconnu cet aspect de la culpabilité dont elle parle. C’est celle que je lie à la charge mentale, aux « je dois faire ceci et cela », aux contraintes que nous nous imposons à nous-mêmes pour être à la hauteur des standards qui nous sont sans aucun doute davantage imposés par l’extérieur que par nos désirs profonds.
Mais je reconnais en moi une autre forme de culpabilité, qui s’abat sur moi sans crier gare. Je fonctionne beaucoup à l’émotion et je me laisse parfois guider par une sorte de feeling, croyant suivre ce qui pourrait me donner de l’énergie. Je deviens alors la reine du fonctionnement en flux tendu, j’abats du travail, je ne me pose pas, je n’ai pas de temps morts dans une journée.
A côté de cela, je n’aspire pourtant qu’à la sérénité. Le retour que j’ai fait sur l’année 2020 m’a montré que la vie en confinement au printemps m’a été favorable sur le plan du sommeil, de l’humeur, du calme car je m’autorisais des moments de récupération réguliers et planifiés.
Mais depuis septembre, la machine s’est emballée avec l’impression qu’il y avait à rattraper ce qui n’avait pas été fait au cours des mois précédents alors que je m’étais promis de ne pas céder à cette injonction !
Dès lors, je m’interroge : comment est-ce possible de faire l’inverse de ce à quoi on aspire ? Au lieu de vivre dans un équilibre serein, je suis capable de tous les excès, d’un week-end à ne rien faire parce que j’en ai marre suivi d’une semaine de folie pendant laquelle je vais travailler mais aussi faire les lessives que j’ai négligé de faire pendant le week-end et voir des copines et trier une armoire et rattraper le retard administratif. Cette énergie est comme une drogue mais je risque d’être dépassée par mes émotions, c’est trop intense. Je cède alors à l’expression de ces émotions (tristesse, déception, colère, …) ou bien je me replie complètement en attendant que cela passe. Ce n’est pas joli, je sais. Mais si je prends la peine de partager cela avec vous, c’est parce que je pense que personne n’est joli joli à 100% et que le reconnaître, c’est le premier pas vers l’arrêt de cette répétition. Après ce trop-plein d’émotions, je suis pétrie d’une culpabilité tellement difficile à vivre qu’elle me fait dire que je gâche des moments de vie.
Cela n’arrive pas souvent heureusement et me procure l’opportunité de réinstaller un fonctionnement plus sain, fait d’alternance de moments intenses et de moments de récupération de mon énergie. Cette culpabilité-là est un signal, elle m’indique que j’ai pris une mauvaise route, que je dois retourner voir ce qu’il y avait à l’embranchement avant que je me laisse déborder. Le travail est de repérer les indices de plus en plus tôt, avant de ressentir cette culpabilité liée à l’impression de ne pas fonctionner de manière juste, c’est sentir quand on va moins bien, que ce soit au travers des émotions ressenties, des douleurs qui se manifestent dans notre corps, de la détérioration de nos relations… Ces indices nous montrent l’importance d’un réajustement, accueillons-lez avec bienveillance et je suis persuadée qu’après tout, la sérénité n’est qu’une question de prise de conscience et de réorganisation.
Blisskiss
Jess