
Récemment, un ami m’a demandé à quel point je souffrais des interdictions liées aux voyages à l’étranger. Excellente question à la globe-trotteuse que je suis. La réponse la plus directe se situe du côté d’un ressenti de souffrance, de frustration, de tristesse de voir ce monde qui se referme sur lui-même. La discussion qui s’en est suivie a porté sur la liberté en général. « Privation de liberté / liberté individuelle bafouée / obligation de se plier à des règles qu’on ne comprend pas / … », tels sont les thèmes actuels débattus.
Et alors, si je suis la première à dire que j’aime faire ce que je veux, que la liberté est fondamentale pour mon équilibre, comment se fait-il que je ne ressente pas de manière plus dramatique les effets des mesures actuelles ? Autant vous dire que cette question m’a travaillée tant je tenais à y apporter une réponse.
J’ai pensé au film La Vita è bella et à la capacité du personnage à créer une illusion de liberté dans le cadre le plus contraint que l’on puisse imaginer. Alors cela m’a inspiré une piste de réponse… Sans aller jusqu’à la création d’un monde imaginaire, je pense que notre liberté est toujours en nous, on ne peut pas nous l’enlever.
Dès lors, ne s’agit-il pas de penser la situation différemment ? De chausser nos lunettes permettant de voir le monde dans ce qu’il a encore de beau ?
Les relations sont restreintes. C’est un fait, les bulles sont toutes petites. L’effet en est un repli sur l’intérieur, le foyer. Rangement, tri, aménagement intérieur ou de jardin, j’ai la liberté de créer un espace de vie serein et à mon image, plus que jamais car j’y suis plus souvent et que j’ai le pouvoir de procéder à ces améliorations, sans pour autant me lancer dans des grands travaux (quoique, ma brique dans le ventre se sent plutôt bien du coup !). Les relations sont en quelque sorte purifiées, retour à l’essentiel, les gens qui comptent sont ceux qui me manquent le plus mais aussi ceux pour qui je peux redoubler de créativité pour se voir et créer de nouvelles manières d’être ensemble. Les frontières sont fermées (ou presque) et c’est une grande frustration. Mais jamais les petits coins de paradis belges ne m’ont paru aussi attrayants.
La découverte se décline de manière différente… A proximité, dans le rapport avec les autres, dans notre environnement direct que nous négligeons trop souvent et surtout à l’intérieur de soi. Car nous avons encore le choix de faire ce qui nous paraît aligné avec nos aspirations profondes, dans le respect des autres mais en respectant aussi notre propre liberté individuelle.
« Puissions-nous penser la liberté non pas comme le droit de faire tout ce que nous voulons mais comme l’opportunité de faire ce qui est juste » (Peter Marshall)
biz biz
Jess